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  • Photo du rédacteurSklaeren

Atelier d'écriture : le pistil

Dernière mise à jour : 25 avr. 2020

(Atelier individuel et collectif proposé par Marielle Rachline http://rachline-marielle.e-monsite)



Je suis une cellule dans le grand tout. Je ne fais ni zéro, ni 1, ni rien, je suis parmi et avec. Il fait noir. Je ne suis ni vivant, ni existant… je suis. C’est tout.


Impossible pour moi de vous replacer la date exacte de ma naissance, juste ce moment où, du noir absolu, j’ai vu pour la première fois la lumière quand les pétales se sont ouverts.


Le soleil brillait haut, je m’en souviens car j’ai été saisi par la beauté de cette image en contre-jour… qui fut pour moi le premier cadeau que je reçus de la nature. Une abeille volait vers nous, les étamines et moi, le soleil dans son dos. C’est quand elle s’est posée que j’ai compris ma mission de vie. Elle déposa sur chacun de nous du pollen si délicieux de saveur ! Maintenant il me fallait traiter l’information pour que mon QG puisse lancer l’offensive reproductrice, j’étais un Pistil !


Et chaque jour, chaque fois qu’une abeille venait à nous c’était la corvée de la génétique à assumer.


Ce que j’aimais le soir quand les pétales se refermaient sur nous pour nous protéger de la fraîcheur de la nuit ! Parfois, quand le vent se levait, les étamines et moi dansions avec lui. J’aimais beaucoup cette partie de jambe en l’air avec tous mes partenaires car à chaque secousses ces coquins là en profitaient pour me déposer de leur semence.


Puis est venu le temps pour moi de donner la vie. J’ai senti, en mon ventre gonflant, que je portais en moi de futures graines d’existence. Petit à petit les pétales et les étamines ont eu la délicatesse de se retirer pour me laisser vivre et traverser ma transformation. Je suis devenu fruit.


Une petite fille est passée par là, elle ne m’a pas laissé le temps de vieillir et de me ramollir ou de friper, elle a goûté à ma chair et, par chance dans ce carnage monstrueux, a recraché mes petits. J’espère que mère terre pourra reprendre le flambeau et les aider à s’enraciner dans leur destinée.


Mon esprit commence à s’évaporer. Je suis maintenant dans un espace noir et liquide. Des sucs m’attaquent et me font souffrir… je décide donc de partir. Au revoir...


Point de vue d’abeille.


Bon sang ce que j’aime voler de fleur en fleur ! Et qu’il est drôle Norbert… il est trop… il m’a donné son secret pour bien choisir mes fleurs. Prendre de la hauteur !


Et bien voilà je monte, monte, monte, encore un peu plus…


Bon sang qu’elle est belle ! Elle brille et ressort de toutes les fleurs… je vais me la faire celle-là !


Il a raison Norbert en prenant de la hauteur on peut voir beaucoup plus justement des détails même insignifiants. Oh non ma belle… tu n’es pas insignifiante…


Arrivée remarquée en contre-jour pour qu’elle puisse découvrir l’apollon au dernier moment ! Hop Hop Hop se poser avec délicatesse et lui faire mon grand jeu de frotti frotta. Toi, je ne suis pas prêt de t’oublier…


Hop Hop hop reprendre de la hauteur !


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