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  • Photo du rédacteurSklaeren

Malika Poskonova

Malika Poskonova était d’origine polonaise.


Ses ancêtres avaient immigré en 1902 lors de la première vague de mineurs polonais attendus dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Était-ce cette rupture avec la terre nourricière de ses aïeux qui lui donnait ce fond de regard si triste contrastant avec la douceur de son visage d’une beauté faisant pâlir le plus rude des hommes ?


Bien qu’elle et ses parents soient nés en France, elle ressentait au plus profond d’elle le déchirement de l’expatrié non volontaire à chaque fois qu’elle entendait son nom : Poskonova. Elle avait bien essayé de s’installer à Varsovie lors de ses études universitaires mais le chagrin qui l’habitait ne la quittait jamais. C’est bien simple, Malika se sentait bien nulle part, ni en France, ni en Pologne. C’est peut-être pour cela qu’elle est devenue hôtesse de l’air. Être toujours entre deux pays, jamais à la même place. On l’avait recruté pour sa maitrise des langues, cinq au total, et pour sa beauté slave très appréciée des clients des premières classes dont elle avait la responsabilité. Yeux bleus, cheveux blonds, teint rosé et formes généreuses avaient motivés plus d’un client fortuné à tenter sa chance… Attendrir la morosité de la belle hôtesse de l’air dans des chambres d’hôtel toujours plus luxueuses les unes que les autres. Tous avaient échoué. Malika Poskonova au caractère individualiste bien marqué ne se laissait pas prendre au jeu de tous ces amants orgueilleux.


Bien que le temps laisse ses marques même sur les plus beaux visages, celui de Malika Poskonova semblait ne pas subir les années. Je l’ai rencontré alors qu’elle allait sur ses 40 ans. Elle était assise sur un banc public, ses grandes jambes repliées élégamment afin de ne laisser rien deviner du dessous de sa jupe, qui lui allait à ravir.


- Bonjour, Je peux me joindre à vous ? Vous n’attendez personne ?

- Euh, non… Je vous en prie. D’un geste simple mais élégant, elle m’avait invité à m’assoir à côté d’elle.

- Je viens d’arriver sur la capitale et figurez-vous que cela fait déjà une heure que je cherche mon chemin. Je suis épuisé ! Je voulais absolument trouver un coin de verdure. Cette ville peut vraiment tout à la fois être attractive et dévorante.

- Pourquoi être vous venu ici ? Où vouliez-vous aller ?


Nous avions échangé un moment puis la pluie nous avait fait continuer notre discussion dans un café parisien. Le soir venu nous avions continué dans un restaurant puis chez elle où, en tout bien tout honneur, elle m’avait invité à dormir sur son canapé que je n’ai jamais quitté. Nous avons eu deux magnifiques enfants.


Deux enfants au même fond de regard triste que leur mère.




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